Autour de la mare

INVENTAIRES

Dans un premier temps, nous allons nous attarder sur l’animation du 1er octobre, soit sur la mare des Bergivaux.

Nous présenterons d’abord les espèces
rencontrées et ensuite la potentielle histoire qu’on peut tisser avec la présence
et l’abondance des espèces.

Parmi les espèces végétales trouvées :

Une Petite berle, qu’on reconnait avec les dents pointues sur les feuilles…

Un Scirpus (prononcé SIRPUS), qui n’était pas dans les guides de plantes
aquatiques car c’est probablement une espèce de zone humide, peut-être
Scirpus sylvatica.

Au total, on a donc trouvé au moins 10 espèces de plantes, appartenant à des
milieux aquatiques/de zones humides. A côté de chaque espèce, son indice
d’abondance/dominance (Braun-Blanquet) est visible. On voit que la glycérie
flottante (Glyceria fluitans) est dominante, vient ensuite Apium nodiflorum,
l’Ache faux-cresson, qui ressemble beaucoup au cresson des fontaines. Deux
espèces de nénuphars présentes (jaune et blanc), de l’iris des marais, une espèce
de lentille d’eau, Lemna minima (3 nervures). La fougère Asplenium
scolopendrium ne faisait pas partie de la mare mais du ruisseau des Bergivaux.

En ce qui concerne les Macroinvertébrés, ceux-ci sont assez compliqués à
identifier jusqu’à l’espèce :

Un coléoptère de la famille des Haliplidae.

Un coléoptère de la famille des dytiques.

On a donc trouvé au total beaucoup de larves de libellules (demoiselles =
zygoptères). Les coléoptères, des mollusques (escargots aquatiques = limnées
ayant la coquille orientée dans un sens particulier), des gammares = petites
crevettes d’eau douce, des notonectes = punaises aquatiques et des gerris.

La mare se trouve à un emplacement assez ensoleillé. A la fin de l’été, on y
retrouve la présence d’une flore immergée (sous l’eau) comme la glycérie
flottante ou les callitriches. Une flore flottante est également installée =
nénuphars et lentilles d’eau. Au début de l’automne, les algues filamenteuses et
la végétation flottante prennent le pas sur la flore immergée car il y a une
compétition pour la lumière. On dit souvent qu’un écosystème sain est un
écosystème en équilibre.

En réalité, cet équilibre est maintenu par une compétition intense entre les
espèces qui essaient tant bien que mal d’accéder aux ressources nécessaires.
L’ombrage est la capacité d’une espèce à faire de l’ombre à une autre. La
compétition par allélopathie correspond à la production de composés toxiques
dans le but de défavoriser la croissance d’autres plantes.

Aussi, la présence de plantes immergées et émergées offre une niche
écologique, un habitat, à des espèces de macroinvertébrés telles que les larves
de zygoptère. Comme la surface est libre, les gerris sont aussi présents.

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Dans un second temps, nous allons parler de l’animation du 02 octobre sur la mare près de la Moselle (proche de la gare d’Ancy).

Au niveau de la flore :
Nous y avons observé un pied de plantain d’eau, ressemblant au plantain
terrestre mais n’étant pas de la même famille.
Nous avons également noté la présence de l’iris des marais.

Lorsque l’on observe la mare, celle-ci est immaculée de lentilles d’eau. En s’y
intéressant de plus près, on peut remarquer 3 espèces de lentilles (Wolfia
arrhyza, la plus petite plante vasculaire du monde, Spirodela polyrhyza et Lemna
minuta, espèce exotique envahissante.). De la même manière qu’au Bergivaux,
nous avons décelé la présence de l’espèce de zone humide Scirpus sp. Sûrement
sylvatica. Très peu de phragmites (roseaux) étaient présents même si beaucoup
bordent le chemin menant à la mare. Pimprinella major, espèce de zone humide
a été observée. On a aussi trouvé une espèce de carex (sans fleur, difficile de
trouver l’espèce) ainsi que du jonc diffus.

Concernant les macro invertébrés, on a pu noter la présence de nombreuses
sangsues (hirudinae) dans les prélèvements.
Une seule larve d’odonate a été observée sur plus de 5 prélèvements.
Et enfin, une nèpe a été trouvée par Christian dans un coin de la mare.
En plus de ces individus, ont été trouvés des gammares, des mollusques ainsi que
des coléoptères. On a également pu observer des copépodes, qui sont de toutes
petites crevettes, apparentées à du zooplancton.

La mare se situant à proximité de la rivière Moselle, lors de débordements,
l’introduction d’espèces invasives est grandement facilitée (e.g. Lemna minuta).
Le recouvrement total de la mare par les lentilles d’eau peut être expliqué par :
Une compétition intense pour la lumière, les lentilles d’eau ont l’avantage, un
problème d’eutrophisation ? (Trop de nutriments)

La forte présence de biomasse (Lentilles d’eau et feuilles mortes, couche
importante présente à la surface de la mare) demande une forte dose d’oxygène
aux organismes décomposeurs. De plus, à cause de la couche de lentilles d’eau,
l’oxygène passe mal entre l’air et l’eau. De ce fait, le milieu sera assez pauvre en
oxygène. Ce qui explique la forte abondance de sangsues car ces organismes sont
adaptés aux milieux pauvres en oxygène.

On a notamment senti du sulfure d’hydrogène (odeur d’œufs pourris), produit
lorsque la dégradation de la matière organique (feuilles mortes) se fait
difficilement.
L’accumulation de feuilles mortes mal décomposées donne lieu à la formation
d’une grande couche de vase.
Le milieu étant colonisé par les lentilles d’eau, il n’y a pas de plantes immergées
et émergées : par conséquent sans ses plantes, le milieu est défavorable au
développement de larves d’odonates.

En conclusion, Même si les deux mares se situent non loin l’une de l’autre, on
observe que la biodiversité des deux milieux est radicalement différente. L’une
n’est pas nécessairement moins qualitative que l’autre ! Des espèces spécialisées
sont faites pour vivre dans un large panel de condition 😉 !

Merci aux adhérents qui sont venus assister aux ateliers, nous
espérons que vous avez apprécié !

Théo SOLFATO et Philippine MORLOT,

Etudiants en M2 Gestion de l’environnement parcours GEMAREC – UFR SciFa
Metz – Campus Bridoux et adhérent de l’association TORCOL