Batraciens

Aux armes batraciens !

Chaque année plusieurs milliers de crapauds qui peuplent le secteur du bois de Gaumont, entre les communes de Corny sur Moselle et d’Arry, sur les terres de Novéant sur Moselle, migrent à la période des amours, pour rejoindre leur site de reproduction, au coeur des anciennes gravières. Pour cela ils doivent franchir la nationale 57 qui sépare leur lieu de vie de leur lieu de reproduction.

Très peu arrivent à franchir la route sans se faire écraser, et l’on constate chaque année le massacre de plusieurs milliers d’entre eux. Les crapauds, les grenouilles, les tritons et les salamandres sont des espèces protégées. L’association TORCOL a décidé de participer depuis 2005 à une opération de sauvegarde des batraciens, avec la Communauté de Communes du Val de Moselle, par la pose de bás pour couvrir la zone de migration (environs 2 km) afin de recueillir les batraciens avant qu’ils n’accèdent à leur prédateur le plus redoutable : la route. Puis les équipes se relaient pour les ramasser et les transporter jusqu’aux eaux des gravières où ils sont sauvés.

Cette opération repose entièrement sur la base du volontariat et l’objectif est de convaincre les autorités locales de construire des crapauducs (petits tunnels de passages sous la route) et d�aménager les bords de routes afin que ce massacre prenne fin et que ces espèces protégées par la loi soient aussi protégées sur leurs lieux de reproduction. Le travail de sauvegarde et de recensement a commencé il y a 4 ans. Chaque année, les équipes de bénévoles comptabilisent le nombre de batraciens recueillis par catégories, en notant également la date, l’heure, la température et l’état de la météorologie. Sur l’année 2008, du 23 février au 03 avril, ce sont 8346 batraciens qui ont été sauvés. Mais ce chiffre est sans doute bien faible au regard du nombre de ceux qui perdent leur vie dans ce voyage qui aurait dû les mener vers la vie de leurs générations futures. En effet, les batraciens utilisent depuis toujours les mêmes trajets pour se rendre dans les mares qui les ont vus naître. Ils peuvent ainsi parcourir plusieurs kilomètres par nuit pour retrouver les points d’eau. Or, de nombreuses routes traversent ces couloirs de migration, condamnant les animaux à finir écrasés. On estime que 20% de la population de crapauds communs et 40% des grenouilles rousses disparaissent ainsi chaque année (source : LPO Anjou).

La migration a lieu de nuit car, de jour, les batraciens ne résistent ni au soleil ni aux prédateurs. Les équipes se sont donc succédées avant 9h00 le matin et après 21h00 le soir.

Un grand bravo à tous ceux qui, équipés de leurs lampes frontales, de leurs bottes en caoutchouc, de leurs cirés et de leur bonne volonté ont bravé, à des heures tardives ou matinales, les caprices de la météo, emportant au creux de leurs mains, jusqu’aux eaux paisibles des anciennes gravières, ces petits êtres sans défense face aux bolides de la nationale 57. Que leurs yeux surpris, leur démarche maladroite et leurs chants mélodieux continuent de nous émerveiller et de nous attendrir !