La pie Grièche écorcheur

La Pie grièche écorcheur est un de nos passereaux les plus faciles à observer. Elle a l’habitude de se tenir perchée durablement sur un buisson, épineux de préférence, au bord d’une prairie, d’un champ ou d’une friche pour y guetter au sol coléoptères ou autres gros insectes, lombrics, batraciens, lézards, voire oisillons. Elle attrape ses proies en plongeant de son perchoir qui lui sert à répétition de poste d’observation. Enfin, elle se fait nettement remarquer en raison de l’aspect très coloré de noir, gris, rose claire et châtain de son plumage, ostensiblement affiché par son maintien souvent dressé à l’allure de sentinelle.

En dépit de sa petite taille, cet oiseau a tout d’un rapace eu égards à son bec crochu, son allure altière et sa façon  de traiter ses proies. Les Pies grièches ont pour habitude d’empaler leurs captures sur des épines de buissons et les pointes des fils de fer de clôtures qui deviennent ainsi les lardoires d’un semblant de garde-manger. Sa découverte peut faire  penser à un étal de boucherie. L’écœurement serait au comble en voyant des restes encore identifiables de petits animaux de notre faune naturelle. Il n’est pas étonnant que dans nos campagnes ces oiseaux avaient autrefois une mauvaise réputation, mais fort exagérée.

Les Pies grièches écorcheurs étaient des nicheurs très communs dans nos campagnes où il suffisait de longer des haies pendant « la belle saison » pour voir un individu souvent tous les 200 à 300 mètres. Depuis quelques années, on doit constater une baisse progressive et patente  de leurs effectifs. Les engrais et produits phytosanitaires étant très volatiles se diffusent bien au-delà des surfaces à traiter. La disparition des ressources alimentaires des oiseaux des champs, comme la Pie grièche, devient ainsi de plus en plus étendue et générale.

Les Pies grièches écorcheurs sont des « saisonniers », elles ne sont observables que de mai à septembre. Après s’être reproduites chez nous, elles repartent pour passer le reste de l’année dans les steppes boisées de l’Afrique orientale et méridionale au Sud de l’Equateur. Européennes par leur naissance, elles sont africaines de par la durée de leur résidence !

TESTE ET PHOTO : Gilbert Blaising