Le gros bec casse noyaux

Le Gros bec est une force de la nature. Son  grand et conique bec mu par une puissante musculature lui permet de broyer des noyaux qui ne peuvent être ouverts par aucun autre oiseau granivore d’Europe. La force d’écrasement de ses mandibules a été estimée à 26 k pour les noyaux de cerises, alors que l’oiseau ne pèse en moyenne que 55 gr !

La plupart de nos concitoyens ne connaissent le Gros-bec que par sa fréquentation occasionnelle des mangeoires en hiver. Dans la nature, ce passereau trapu est difficile à repérer et à observer en dépit de sa taille – assez proche de celle d’un étourneau – et de sa livrée aux couleurs  spécifiques très attrayantes.

Dans les milieux que les Gros-becs affectionnent : forêts de feuillus ou mixtes, parcs, vergers et bosquets, ils évoluent le plus souvent à la cime des arbres dont le feuillage les camoufle. Enfin, dans nos régions cette espèce n’a jamais été abondante et toujours très discrète, non seulement du fait de son comportement retranché, mais aussi en raison de ses manifestations sonores. Ses cris et chants très brefs, secs et métalliques sont peu audibles.

C’est en se promenant en hiver dans la forêt que l’on peut avoir la chance d’apercevoir au sol cet oiseau spectaculaire. En effet, il a une prédilection pour les samares que produisent diverses essences d’arbres comme les érables, charmes, frênes etc. A cette période, le vent a décroché et fait tomber beaucoup de ces graines.

Sur nos mangeoires, les Gros-becs sont  devenus rares et risquent de le rester. Les douceurs répétées et prévues de nos hivers, ne sont sans doute pas étrangères à cette désaffection, mais il est à craindre qu’elle soit  aussi  le signe d’un déclin de cette espèce à l’instar de celui qui affecte un grand nombre de nos petits passereaux familiers.

Texte et photo : Gilbert BLAISING